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Pour une compétition, je vois et j'entends beaucoup de personnes changer l'alimentation de leur fidèle destrier.

Il est vrai qu'avec le stress et les conditions de vie qui peuvent changer, les besoins du cheval ne sont pas tout à fait les mêmes qu'à la maison sur différents points.

1. La déshydratation

C'est ce qui cause, à nous cavalier, le plus de stress. "Mon cheval ne veut pas boire dans le seau", "il a à peine toucher son eau", "il fait super chaud et il ne veut toujours pas boire"...

Alors pour se donner bonne conscience on lui donne du mash pour être sûr qu'il sera hydraté.

Malheureux !

Déjà la quantité d'eau ingérée ne sera pas suffisante pour correctement hydrater le cheval. Et surtout vous lui donnez quelque chose auquel son microbiote n'est pas habitué à digérer (sauf s'il en a à la maison plusieurs jours dans la semaine).

C'est quoi le microbiote ? C'est la colonie de bactéries présente dans son système digestif et qui est là pour l'aider à digérer certaines molécules (voir l'article sur "Les granulés ne font pas grossir").

Si la quantité de mash est importante, attendez-vous à avoir un cheval avec de la diarrhée dans les 72h...

2. Besoin énergétique

Avec le stress, le cheval dépense davantage de calories. Alors pour éviter "le coup de mou", on rajoute des céréales ou on augmente les rations.

D'accord.

MAIS !!

Ça ne sert à rien de le faire juste pendant l'événement. Il faut que son organisme s'adapte, sinon vous risquez de provoquer des coliques... (et après on va dire que c'est la faute de la paille)

Donc on adapte les rations progressivement AVANT (minimum 3 jours) et APRES (minimum 3 jours) pour revenir à la ration d'origine. 

3. Besoins en vitamines et oligo-éléments

Là encore, entre le stress et les efforts demandés, les besoins ne sont plus les mêmes. Comme pour les besoins énergétiques, on peut ajouter des compléments pour équilibrer la ration MAIS il faut aussi le faire sur plusieurs jours. 

Attention! 

Ne donnez pas sans savoir ou en pensant juste bien faire sinon on peut en venir à des problèmes d'excès (voir l'article sur "Un excès peut être plus néfaste qu'une carence").

Pensez à faire faire un bilan nutritionnel à votre cheval et vous saurez ce que vous pourrez modifier pour les compétitions.

Maintenant vous savez quoi faire pour assurer plus de sérénité [digestive] à votre cheval pendant une compétition.

Bonjour à tous !

Suite à un problème technique avec la vidéo, je vous explique l'info de la semaine par écrit.

J'en ai surpris plus d'un en disant qu'il ne fallait pas mettre un cheval à jeun avant une épreuve ou une course. Je vais de ce pas vous expliquer pourquoi.

Commençons par parler anatomie de l'estomac. Celui-ci est scindé en deux parties séparées par la margo plicatus :

- la muqueuse non glandulaire ou squameuse, claire et lisse, dans la première partie de l'estomac (de l'entrée de l'estomac à la margo plicatus)

- la muqueuse glandulaire, rouge et sécrétrice de l'acide digestif, dans la deuxième partie de l'estomac (de la margo plicatus à la sortie de l'estomac).

La muqueuse glandulaire est pourvue d'une barrière protectrice qui empêche l'acide gastrique de l'attaquer. Ce qui n'est pas le cas de la muqueuse squameuse. 

Lorsque le cheval est en mouvement pendant une épreuve ou une séance de travail, les contractions abdominales et les effets de mouvements brassent l'acide gastrique. Il se retrouve en contact avec la muqueuse squameuse (sensible à l'acide!). 

La majeure partie du temps, les ulcères gastriques se forment dans la muqueuse squameuse à cause du phénomène cité précédemment. Mais ils peuvent aussi se former dans la muqueuse glandulaire à force de répéter les périodes de jeun pour deux raisons : 

- Quand le cheval mange, il produit de la salive qui a un effet "tampon", c'est-à-dire qu'il diminue l'acidité du suc gastrique et donc prévient l'abrasion des muqueuses par l'acide

- Quand le cheval est nourri avec des fibres, celles-ci, étant volumineuses et longues à digérer, remplissent l'estomac et limitent le contact acide/muqueuse.

Mettre un cheval à jeun avant une course, une épreuve ou une simple séance de travail, c'est augmenté les risques qu'ils fassent des ulcères ! TOUS les chevaux sont touchés : que ce soit un cheval de course (90%), un cheval de sport (60%) ou un cheval de loisir (30%).

Donc avant n'importe quelle séance, il faut s'assurer qu'il n'ait pas l'estomac vide. Vous pouvez donnez un peu de foin (surtout pas de grains!), ou si vous êtes dans une écurie qui n'accepte pas que vous donniez vous-même du foin (et je comprends...), faites le brouter! Pendant qu'il broute, vous pouvez le brosser et lui faire des soins pour que vous ne restiez pas là à attendre bêtement. Et ce sera bien plus agréable pour lui que de rester à une barre d'attache.

Mais ne faites pas dire ce que je n'ai pas dit... Je parle bien d'une petite quantité et non d'un repas (si votre cheval n'est pas au foin à volonté). Dans ce cas, c'est comme pour nous, il faut attendre un peu que la digestion se fasse ou bien les aliments ingérées vont mal être digérés et le cheval va se retrouver ballonné. 

Pendant la digestion, le sang afflux vers le système digestif afin qu'il fonctionne à plein régime et pour récupérer les nutriments digérés. Si un effort physique est demandé, le système digestif se retrouve sous alimenté en sang et ne fonctionne plus aussi efficacement.

Voici quelques ordres d'idées des timing à respecter :

- après un repas de foin, attendre 1h 

- après les grains, attendre 2h30 

- vous pouvez donner le repas 30 min après le travail,

- attendre 4h entendre 2 repas de grains.

En conclusion, retenez qu'une petite quantité quantité d'aliments avant le travail servira à prévenir l'apparition d'ulcères et donc les frais qui leur sont associés (vétérinaire, traitement, gestion du travail...).

Bien sûr, le travail à jeun n'est pas la seule cause de l'apparition des ulcères, mais ça c'est une autre histoire....

A la semaine prochaine !

Réponse Samedi 18 mai !

Premier article de ce blog. Grosse pression!

Allez, redevenons sérieux, et parlons ensemble des vermifuges. Vaste sujet étudié de près par des ingénieurs et vétérinaires pour lutter contre l'utilisation abusive de vermifuges.

Il y a quelques années, on nous conseillait de vermifuger notre animal favori 3 à 4 fois par an pour son bien-être, sa bonne santé, et bla bla bla... 

Puis, des vétérinaires et ingénieurs se sont penchés sur les effets de ces vermifuges, non seulement sur le cheval (on sait ce que ça fait sur les vers dans les intestins mais nos chevaux ils en pensent quoi ?), mais également sur l'environnement. 

Alors là je vous vois venir à vous demander ce que fait l'environnement là-dedans. "Encore une écolo"! Je vous demande alors où finissent les jolis petits crottins de Petit Tonnerre, à quoi ils servent, ou encore de quelles manières ils sont utilisés.... 

Commençons par le commencement : A quoi ça sert ?

Comme son nom l'indique, il va tuer les vers qui, dans notre cas, infestent le système digestif des chevaux.

Ces vers, qui sont-ils ?

Ils sont plusieurs, plus ou moins pathogènes (c'est-à-dire que leur activité affaiblit leur hôte, donc le cheval), avec des noms plus ou moins barbares :

- Les grands et petits strongles

- Les ascaris

- Les ténias

- Les oxyures

- Les gastérohpiles

Ils ont chacun des modes de survie différents, des lieux de vie différents et des périodes de vie différentes.

Dans ce cas, quand vermifuger ?

Tout dépendra justement de la période de l'année mais surtout de votre cheval. Et donc c'est là qu'entre en jeu la coproscopie, ou pour les intimes l'analyse du caca.

Cette copro permet de connaître le niveau d'infestation de votre cheval en comptant le nombre d’œufs des vers à l'aide d'un microscope. Pour réaliser une copro, je ne vais rien détailler ici donc je conseille cette page. 

Si grâce à la copro vous savez si votre cheval est un fort ou faible excréteur, donc s'il est beaucoup ou pas beaucoup infesté, il est facile de savoir quel protocole de vermifugation suivre :

- Faibles excréteurs (70 à 80% des chevaux) : 1 à 2 vermifuges par an

- Forts excréteurs (20 à 30% des chevaux) : 3 vermifuges par an

Si vous n'avez pas fait de copro, que vous n'avez pas envie de payer pour ça, sachez que la majorité des chevaux sont de faibles excréteurs. 2 vermifuges par an peuvent suffire : au printemps avec de l'ivermectine pour tuer les petits strongles, et à l'automne avec moxidectine et praziquantel contre petits et grands strongles, ténias, et gastérophiles. 

Le vermifuge en été est "réservé" aux forts excréteurs et jeunes chevaux avec du pyrantel pour lutter contre les petits strongles.

Je précise les noms des molécules car il est TRÈS important de changer de molécule entre chaque vermifuge. Sinon quoi ? Bah on en vient à la comparaison avec les antibio (les antibiotiques, c'est pas automatiques!), les vers développent des résistances comme les bactéries. Ils deviennent plus difficiles à éliminer et risquent d'infester les autres chevaux.

Je reviens sur les termes des saisons. Par exemple, nous, humains, avons décidé que le printemps débutait le 20 mars. Mais comme on peut le voir ces dernières années, le climat n'en fait qu'à sa tête et on peut avoir des températures hivernales qui se prolongent ou au contraire, des températures douces en avance. Quand je parle de saison, je parle de saison climatique et non pas calendaire. Les vers, comme la nature, se basent sur les changements de températures. Le printemps ce sont des températures plutôt fraîches la nuit et douce la journée, avec un temps en général humide. Lorsque ces conditions sont réunies et répétées sur quelques jours, on peut donner les vermifuges. S'ils sont donnés trop tôt, tous les œufs n'auront pas éclos donc tous les vers ne seront pas éliminés. 

Et maintenant, pourquoi diminuer le nombre de vermifuges par an ?

C'est une question de prophylaxie. J'aime bien ce mot, ça fait savant. 

Revenons en arrière. Vous donnez 4 vermifuges par an à votre cheval, soit un toutes les saisons. Sans faire spécialement attention à la molécule active du vermifuge bien sûr. Au mieux vous détruisez les vers à une saison donnée parce que, par chance, vous avez la bonne molécule active. Au pire, le vermifuge aura eu zéro effet car pas la bonne molécule pour les vers présents (qui vont continuer à proliférer).

Dans les deux cas, il faut savoir que la molécule active se retrouve dans le crottin et après dans le sol. Comme vous le savez, les agriculteurs aiment bien utiliser le fumier pour fertiliser les sols sur lesquels poussent nos aliments et ceux des animaux (en particulier les fourrages). Les vers peuvent se trouver en présence de ces molécules actives fortement diluées. Comme elles sont présentes en faibles quantité, elles ne détruisent pas les vers. Ces derniers se retrouvent affaiblis et les plus forts survivent. C'est ce qu'on appelle la sélection naturelle (dédicace à toi Darwin).

En utilisant de manière excessive des vermifuges, on sélectionne les vers les plus résistants. On sera alors obligé de trouver une autre molécule, bien souvent plus nocive. Sauf que nos pauvres chevaux n'ont pas demandé à ingérer des substances pareilles... Certains font d'ores et déjà des réactions très violentes suite à l'administration des vermifuges.

En diminuant le nombre de vermifuges, vous aiderez à la lutte contre ces parasites sans nuire à la santé de votre cheval.

A vos copros !

Camille Caubert, ingénieur agronome et cavalière pro

Sources externes :

Guy Vallarino, "Parasites : identifiez-les pour bien les combattre", dans Cheval Magazine, N°412, Mars 2006, pages 82 à 85.

https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/soin-prevention-et-medication/prevention/protocole-de-vermifugation-pour-les-equides-de-plus-d-un-an.html

https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/soin-prevention-et-medication/prevention/la-coproscopie.html